03-04-05 Tenue de la guitare, les mains... et les pieds !
Publié le 15 novembre 2025, par Charles-Erik LabadilleLa tenue de la guitare
Dans la méthode chapitre 3 page 11
La tenue en soi de la guitare n’est pas très importante (les maestros vont grincer des dents…) si l’on en juge par les positions peu orthodoxes adoptées par certaines stars du rock ou de la pop qui, en position debout et l’instrument arrivé presque à hauteur des genoux, arrivent pourtant à des résultats édifiants ! On peut dire néanmoins que lorsqu’on joue assis, l’instrument doit être « calé » entre le dessus de la cuisse (ou l’entre-cuisse) et le bras droit (pour les droitiers) de manière à ce que le manche soit un « arbre » qui ne bouge pas d’un iota (mais un arbre horizontal !).
Car la main gauche n’a absolument pas vocation à « tenir » ce manche. Son travail exclusif et de voyager, de glisser dessus pour y poser les doigts sur la touche. De ce fait, le meilleur emplacement du pouce, c’est d’être posé à l’arrière du manche (méthode « classique »), position qui permet le meilleur écartement (sur le manche) des autres doigts, permettant de réaliser des accords de 4, voire 5 cases. Cependant, on ne tiendra pas rigueur ici à ceux qui ont appris la guitare en « empoignant » le manche à pleine main (méthode folk ou pop), le pouce dépassant largement sur le côté de l’instrument. Cette position présente également un intérêt, celui de favoriser les « barrés du pouce ». Que ces guitaristes le plus souvent autodidactes conviennent néanmoins qu’ils devront remettre ce pouce « derrière » le manche pour faire des barrés, écarter les doigts ou faire des gammes… Quant aux débutants, qu’ils sachent qu’une fois adoptée l’une des deux positions, il est particulièrement difficile d’en changer.
La position de la main droite et de la main gauche
Quant aux doigts de la main gauche (pour les droitiers), il est essentiel que leur dernière phalange soit bien perpendiculaire à la touche pour que le bout de doigt y prenne le moins de place possible et ne bloque pas les cordes voisines. À cet égard, il est impératif que les ongles de la main gauche soient courts pour faciliter la pression sur le clavier et éviter l’inclinaison des doigts (en revanche, on laisse pousser les ongles à la main droite, en particulier pour faire des arpèges ou du picking).
Ce bout de doigt, bien droit et bien perpendiculaire donc, doit se poser dans la case entre deux barrettes métalliques (les frettes), toujours en dessous (ou presque en dessous) de la barrette supérieure. C’est à partir de cette frette (la plus haute) que le son va être produit et c’est elle qui va déterminer la justesse du son (donc pas de doigt sur cette barrette sinon : ploc, ploc…).
Il est clair que plus vos doigts resteront proches des cordes (à droite comme à gauche), prêts à intervenir dans le temps le plus court du fait de la distance réduite, mieux vous allez y arriver.
À droite, la main prête à faire des arpèges, est « bloquée » au niveau et au-dessus de la rosace, le poignet cassé et chaque doigt positionné à proximité de la corde qu’il doit jouer : la main ne bouge pas, ce sont les doigts qui se plient pour pincer les cordes.
À gauche, pour réaliser le plus vite possible les accords demandés, le guitariste cherche à déplacer, lorsque c’est possible, des « blocs » où les doigts sont collés les uns aux autres. Par exemple, le Mim et le Lam (les deux premiers accords qu’on apprend généralement à passer en rythme), ont un « dessin » très voisin. Ils ont deux doigts communs, le majeur et l’annulaire que l’on va « coller » ensemble pour les déplacer en un seul mouvement d’une corde vers l’aigu ; arrivé au Lam, il suffira d’ajouter l’index sur la 2ème corde (si). Autre exemple : pour l’accord de La majeur, les 3 doigts sont dans la même case (la 2ème) sur 3 cordes qui se suivent (ré, sol, si) ; l’index, le majeur et l’annulaire formeront un bloc bien perpendiculaire posé simultanément sur les 3 cordes (4ème, 3ème, 2ème). Donc, au final, la leçon à bien retenir, c’est de toujours minimiser les mouvements…
Les doigts toujours bien perpendiculaires à la touche à la main gauche ? Eh bien non, ce serait trop facile… Lorsque l’on joue en solo, c’est-à-dire une note après l’autre, on privilégie même parfois l’inverse pour gagner en efficacité et en rapidité : en effet, peu importe si les doigts touchent d’autres cordes que celles à jouer, car la sélection des notes (jouées avec un médiator ou aux doigts) se fait exclusivement à la main droite. Tout d’abord, cette imprécision à la main gauche, où les doigts se posent sur un « paquet » de notes, fait gagner un temps fou. Ensuite et surtout, cette position de « doigts plus ou moins couchés » permet d’écarter beaucoup plus les doigts (le pouce étant bien ramené à l’arrière du manche) pour réaliser en improvisation les gammes pentatoniques et heptatoniques. Cette fois, ce n’est plus le bout du doigt qui appuie bien perpendiculairement sur le clavier mais la face interne du doigt ; le touché est décalé par rapport au précédent, situé environ 5 mm plus bas sur l’intérieur de la dernière phalange. Cette position « couchée » privilégie également la réalisation des petits barrés. En revanche, elle implique une grande précision à la main droite et un jeu « sans faute » des coups de médiator.
Taper du pied ou des pieds
Dans la méthode chapitre 5 page 15
Gratter des notes ou des accords sur sa guitare est une bonne chose, mais les jouer en mesure, en rythme est essentiel. En effet, avec l’harmonie, le rythme est la seconde composante musicale naturelle, et si certaines fausses notes ne sont pas remarquées par les moins mélomanes, la plus petite erreur rythmique attire les gros yeux de tous les auditeurs, quelle que soit leur culture musicale !
Pour mettre un premier pied dans le monde délicat plein de chausse-trapes, celui du rythme, nous vous proposons donc de vous associer à un partenaire très utile : votre pied (voire même vos deux pieds). Non, il ne s’agit pas d’une plaisanterie ou d’une de nos dernières fantaisies. Si bien des musiciens formidables destinés à de beaux parcours artistiques n’ont pas besoin de cet artifice un peu fruste et bruyant, bon nombre d’amateurs et d’autodidactes ne cherchant que le plaisir dans la musique doivent une fière chandelle à cet allié de choix capable de marquer les temps mais aussi de repérer les contretemps ! Sur le plan rythmique, la leçon la plus importante suit (chapitre 5). Pratiquez ces exercices assidûment, travaillez lentement, ne soyez pas impatient car pour porter ses fruits, votre travail peut durer jusqu’à six mois-un an… Mais après, quelle liberté d’exécution !
Voici donc le principe qui pourrait bien vous aider à décoller en affaire de rythme : le pied fait 2 mouvements sur lesquels on peut jouer : la descente qui, à la guitare, peut correspondre à un battement de la main droite vers le sol ; la montée qui, sur la même guitare, peut correspondre à un battement en direction du plafond ou du ciel, selon que l’on est entre 4 murs ou en plein champ… : ce grattage des cordes (on appelait encore il n’y a pas si longtemps les guitaristes des « gratteux ») peut se faire avec l’index seul de la main droite (pour un droitier), ou avec l’aide d’un petit triangle en plastique appelé « médiator » ou encore « plectre » tenu entre pouce et index. Mais il faut insister : nous disons bien mouvements, car quand le pied est arrivé en haut, ou arrivé en bas avec ce son très caractéristique de la semelle qui heurte le sol, tout est fini, tout est joué ! Il faut donc « apprendre » à taper du pied, à monter sa pointe le plus haut possible pour délimiter deux « durées » sur lesquelles on peut jouer : le moment où le pied monte, et le moment où il descend. Dite comme cela, la chose peut paraître primaire, un peu réductrice, mais le procédé garantit à terme d’éviter bien des pièges rythmiques, et il y en a.
Au démarrage, la main et le pied du guitariste doivent apprendre à fonctionner ensemble, synchro, un peu comme si la main tenait une ficelle actionnant les mouvements du pied (comme pour un pantin à fil) : la main se lève (et joue ou ne joue pas), le pied aussi ; la main tombe (et joue ou ne joue pas) et le pied aussi.
L’intérêt, c’est que vous allez pouvoir régler à votre souhait votre tempo, c’est-à-dire la durée que met votre pied pour effectuer les deux mouvements (descente et montée). Ce tempo donne donc la vitesse d’exécution d’un morceau, ou plus précisément la fréquence de la pulsation, ce bruit régulier du battement (que donne le métronome ou le pied qui tombe), impact qui sert de « point d’appui », de repère pour construire les différentes durées (valeurs) rythmiques. Ce tempo se donne en nombre de battements par minute : par exemple, la noire vaut 120, soit 120 battements par minute est un des tempos les plus courants en variété.
Mais vous pouvez aller beaucoup moins vite au déchiffrage d’un rythme, c’est là tout l’intérêt, et même tout décomposer en allant jusqu’à séparer le moment où le pied tombe du moment où il monte : vous n’aurez plus qu’à jouer sur les « bons » mouvements de ce pied puis, une fois le rythme assimilé, accélérer. Nous insistons une troisième fois : taper du pied s’apprend, et cet apprentissage peut être plus ou moins long. Mais au bout, vous serez étonnés par vos progrès et leur rapidité.